La commission d'évaluation s'est rendue dans les trois villes ce printemps pour opérer une analyse technique des risques afin d'aider les membres du Comité international olympique (CIO) à élire l'hôte des Jeux olympiques et paralympiques de l'été 2020. L'analyse est établie en fonction d'un certain nombre de critères parmi lesquels la faisabilité du budget prévisionnel, l'accessibilité et la capacité des sites de compétition ou encore les impacts environnementaux du plan proposé. Istanbul joue principalement sur deux tableaux : l'originalité de son projet et ses solutions fortes pour livrer les infrastructures.
Quand Tokyo et Madrid misent sur l'innovation et le développement social, Istanbul affiche une ambition nouvelle portée par son slogan de candidature “Un pont vers l'harmonie”. La ville souhaite promouvoir la coopération internationale mutuelle et unir l'Europe et l'Asie en jouant de ses atouts géographiques. Le plan Istanbul 2020 propose que la majorité des sites de compétition soit concentrée autour du Bosphore. A long terme, la rive asiatique, qui accueillerait les cérémonies d'ouverture, pourrait bénéficier d'un réaménagement de son port industriel et de la création d'un nouvel espace de loisir. La commission salue en outre le caractère “novateur et ambitieux” de la candidature turque.
70% des sites de compétition restent à construire
C'est l'ambition qui caractérise le mieux la candidature d'Istanbul pour les JO de 2020. La Turquie présente un budget prévisionnel total de 19,7 milliards dollars américains (soit 15,1 milliards d'euros) dépassant de très loin ceux proposés par Tokyo et Madrid. Ce chiffre est légèrement supérieur aux budgets alloués pour les JO de Londres 2012(11 milliard d'euros) ou pour ceux de Rio 2016(12 milliard d'euros prévus pour l'instant). La somme colossale s'explique par un besoin accru de la ville en nouvelles infrastructures : 70% des sites de compétition sont à construire.
La quasi-totalité du financement des installations proviendraient de sources gouvernementales. La commission assure que les autorités turques ont apporté des “garanties sans équivoque” concernant l'apport des fonds nécessaires. D'autres atouts ont été mentionnés par la commission - entre autres, l'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite de la majorité des transports, la forte adhésion du pays au projet Istanbul 2020 et la proposition d'un mode de gouvernance inédit des installations, placé sous la supervision directe du Premier ministre.
Deux points noirs : l'environnement et la sécurité
La commission d'évaluation rappelle dans l'introduction de son rapport que la qualité de l'air constitue un critère essentiel et que les mesures prises par la ville-hôte doivent être “compatibles avec la compétition sportive de haut niveau”. L'année dernière, la Banque mondiale avait classé Istanbul au septième rang des villes les plus polluées du monde. Des attentes ont également été formulées quant au trafic qui engorge les grands axes de circulation.
Par ailleurs, les activités du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), le conflit en Syrie et les conditions sismiques constituent des facteurs à risques pour la situation sécuritaire de la ville. Le rapport ayant été rédigé en avril dernier, aucune mention n'est faite de la fronde antigouvernementale qui agite le pays depuis quatre semaines. Mais Kadir Topbas, le maire d'Istanbul, a annoncé lors d'une conférence de presse en début de semaine que “si tout cela continue, les Jeux de 2020 resteront seulement un rêve.”. Le CIO doit départager Istanbul, Tokyo et Madrid le 7 septembre prochain.
Diane Jean (http://lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 27 juin 2013